samedi 26 avril 2014

Le rôle de l'art

"L'art, et au sens le plus large est l'immense production, qui par le corps s'adresse à l'esprit."

Maurice Bellet
Le paradoxe infini
p 29.


On dit que l'art est la création de la beauté par l'homme. Reconnaissons que plus largement, la création n'est pas toujours aussi esthétique. Mais cette création correspond souvent à un besoin d'expression qui est vital. La capacité de création artistique est le propre de l'être humain. L'être humain est un créateur à l'image de Dieu. Et la création est aussi Parole au sens large. Aussi il n'est guère étonnant que la création de l'homme s'adresse à l'esprit humain. L'esprit humain analysant son oeuvre essaye de se comprendre. L'art est aussi un moyen d'échanger une Parole humaine entre humains.

Emylia

jeudi 24 avril 2014

La grâce coûte cher

"La grâce coûte cher" comme le rappelait Dietrich Bonhoeffer qui dénonçait le leurre de "la grâce à bon marché", celle qui n'est envisagée que comme doctrine, principe, système [...] et qui est la négation de la Parole vivante de Dieu. [...] La grâce qui coûte cher, c'est le trésor caché dans le champs : à cause de lui, l'homme va et vend joyeusement tout ce qu'il a. [...] Elle coûte, parce qu'elle coûte à l'être humain le prix de sa vie ; elle est grâce, parce que, alors seulement, elle offre la vie à l'homme."

"La grâce exige de lier de façon indissoluble la foi et l'obéissance, de conformer totalement ses actions à la confiance déposée en Dieu."

Cinq éloges de l'épreuve,
Eloge de la rupture,
Sylvie Germain

Si l'on ne se donne pas la peine de chercher et de trouver cette grâce alors qu'on est dans l'épreuve, alors cette dernière n'a servi à rien. Une épreuve nous coûte cher intérieurement, moralement, physiquement. Indubitablement, l'épreuve nous transforme. Mais parfois nous en ressortons amoindris, avec ce qu'on appelle en psychologie des désordres post-traumatiques. Mais si l'on creuse, on recherche comment s'en tirer à meilleurs coûts en choisissant de changer ses habitudes, de vivre autrement, alors on peut vivre ce qui s'appelle une post-traumatique growth qui en psychologie est le nom de la grâce. Comment faire ? 1) il faut vouloir la rechercher par tous les moyens : c'est de l'ordre de la foi. 2) il faut étudier comment d'autres personnes ont franchi leurs étapes difficiles : c'est l'ouverture à autrui par la relation donc à Dieu donc à soi-même.

Il est rare qu'on parle de choses aussi sérieuses avec des interlocuteurs privilégiés. Souvent, la lecture permet un certain recul, une discrétion, et autorise une réflexion sur soi-même sans redouter les préjugés, les arrières pensées, les critiques qui font mal.

Emylia

La traversée des catastrophes

À la fulgurance du destin s'oppose la patience de l'épreuve qui, comme la tempête, est faire pour être traversée. C'est en l'épreuve que s'éprouve le sentiment tragique de la vie ; elle est le creuset où se façonne notre humanité.

Père Robert Sholtus
Préface à
Cinq éloges de l'épreuve

Le tragique n'est pas permanent. Il n'est qu'un passage vers un autrement, un ailleurs. C'est pour cette raison qu'il faut garder l'espoir, même quand tout semble anéanti. En fait nous changeons subrepticement sans presque s'en apercevoir, sans le rechercher avec force et volonté.

Emylia

L'expérience critique majeure

Voilà ce thème qui me hante et me poursuit depuis plusieurs années. J'essaye de le comprendre au travers des livres de Maurice Bellet. Je sais que je l'ai vécue. Toutes les réponses à mes questions existentielles ne peuvent que découler de cette énigme.

"L'expérience critique majeure met dans l'urgence absolue. L'urgence est celle de l'humanité de l'homme, de son pouvoir-être, de sa capacité d'exister. Elle est au delà de la question de vie ou de mort."

Maurice Bellet
Le paradoxe infini
p 51

On sent bien que cette question transcende notre vie terrestre. C'est comme si l'on pouvait envisager que l'homme en tant que personne, mais aussi l'ensemble des Êtres humains pourraient perdre leur âme, oublier Dieu et devenir inhumains. Serions nous capables de devenir ces apprentis sorciers capables d'anéantir au delà de la vie humaine, son âme.

Emylia

lundi 21 avril 2014

Société humaine

Il n'y a point de société humaine viable, au moins à terme, sans des instances capables de porter ce qui fait l'humanité des humains, capables d'assumer la condition humaine en ce qu'elle a de plus redoutable. Sinon, il en est des sociétés comme des individus : ce qui est méconnu et rejeté dans l'inconscient, se venge et détruit.

Maurice Bellet
Le paradoxe infini
p28


La question de "ce qui fait l'humanité des humains" travaille toute l'oeuvre de Maurice Bellet. Si cela venait à manquer, alors les humains ne seraient plus humains et plus rien de pourrait les protéger de l'auto-destruction, du suicide collectif ou de la folie. L'homme ne serait plus. Il ne serait pas pour autant "redevenu" animal. Il verserait dans l'inhumain. Il ne serait même plus en l'état d'appréhender la parole qui se donne dans les saintes écritures et qui sauve.

Il faut bien voir que "ce qui fait l'humanité des humains" concerne l'essentiel de ce qui fait vivre l'être humain, comme des questions existentielles, des questions de vie et de mort qui sont primordiales à la condition humaine. Il ne peut pas s'agir de vagues discours objectifs et scientifiques qui seraient étrangers à notre subjectivité.

Comme Maurice Bellet, on ne voit pas quelle institution humaine pourrait préserver l'humanité de la déréliction, avec l'accélération du processus déshumanisant : le culte de l'argent, la fureur des pouvoirs. Mais le christianisme est la religion de l'espérance, de l'amour et de la foi. Si l'église, au sens de la communauté de tous les croyants et pas seulement l'église institutionnelle se réveillait de sa léthargie, de sa passivité, de sa connivence avec les forces d'enténèbrement, alors il y aurait à n'en pas douter une chance inouï de construire une humanité du royaume telle qu'elle n'a jamais été. Mais pour le moment, il faut être réaliste, nous allons en accourant de façon accélérée, droit dans le mur de l'anéantissement.

Maurice Bellet n'est pas un prophète de malheur. Dans chacun de ses livres, il y a toujours un "à moins que" inaugural qui amorce un retournement  : à moins de percevoir une certaine lumière, d'entendre une certaine parole, de se lever et se mouvoir dans une direction précise, alors le sauvetage de l'humanité, l'établissement du ciel sur la terre est encore possible. Il nous invite à être ce qui fait la grandeur et la dignité ultime de l'humanité et d'avoir le courage de ne pas y renoncer.

Maurice Bellet ne nous donne pas de solution. La solution ne peut dépendre que de chacun, selon là où il en est dans sa vie. Une esquisse de chemin repose sur une prise de conscience individuelle, un questionnement personnel et de l'action que nous avons à mener sans oublier que l'essentiel est dans la relation de l'entre-nous et de notre relation personnelle et collective avec Dieu.

Emylia

Carême au féminin

"Ce carême au féminin" est un acte de reconnaissance envers les trésors d'intelligence dont le christianisme est redevable aux femmes et le courage de croire dont elles peuvent témoigner parce qu'elles savent le "prix de la grâce"."

"La foi n'est pas seulement consolation dans la détresse et force dans l'épreuve. Croire, c'est se mettre en danger."

Cinq éloges de l'épreuve (préface)
Père Robert Sholtus
Albin Michel, Avril 2014

Pour cette période du Carême 2014, Le Père Robert Sholtus a tenu à rendre hommage aux rôles des femmes dans le christianisme en leur accordant la parole aux conférences de Carême du diocèse de Metz. Je suis d'accord avec lui, que la grâce ne tombe pas toute seule du ciel sans raison et qu'il faut y avoir quelque peut contribué d'une manière consciente. La grâce coute cher et elle demande un minium de sacrifice avant de pouvoir gouter à ses fruits. Aussi lorsque le Père affirme de "Croire c'est se mettre en danger", je souscris entièrement à cette affirmation. Au mieux, on s'expose aux railleries, à la relégation. En France, on ne risque pas sa peau (en principe), encore qu'il y a plusieurs conceptions antagonistes du catholicisme.

Emylia

vendredi 18 avril 2014

Oser

Oser. Oser dire et jusqu'où on peut. Ce qu'on demande à qui se risque en psychanalyse, d'aller jusqu'au bout de ce qui vient., l'oser ici, quand ce qui est engagé n'est pas seulement moi dans mes misères, mais nous tous, dans notre aventure irrésistible et partagée.

Le paradoxe infini
p12
Maurice Bellet

Il est évident qu'il faut arriver à se dégager de son histoire personnelle, à gommer les variations personnelles pour en tirer l'essentiel de l'universel humain. Ce recul permet de mieux comprendre ce qui se dit dans la Bible et les Evangiles, permet d'établir un rapport entre notre propre vie et celles des contemporains de Jésus et des hommes dans toutes les Saintes Ecritures. Cette attitude vivifie notre foi.

Déperdition

Il n'y a pas d'homme condamné.

Maurice Bellet
Je ne sais plus dans quel livre.


Je crois que c'est une invitation à ne pas juger autrui, à se garder tout tout préjugé. Qui sommes nous pour juger. Même Jésus ne juge même pas la femme adultère. C'est un effort considérable pour résister à ce jugement car nous sommes litéralement conditionnés depuis toujours à nous faire une opinion sur les autres. Ce n'est qu'une protection contre l'inattendu. Ainsi nous faisons preuve d'un manque d'ouverture et d'écoute.
Ce qui nous pend au nez, c'est d'être jugé si nous jugeons.
Mais ce n'est pas le pire. Se dire que quoi que fasse l'autre, il ne sera ni jugé ni condamné. C'est contraire à l'idée de toute justice humaine. Cela parait insupportable.
Cela veut dire surtout, mêle toi de ce qui te regarde. Occupe toi de la poutre dans ton oeil au lieu de regarder la paille dans l'oeil du voisin.